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Manon Pinguat Charlot, Implementation & Governance Analyst (Nouvelle-Zélande)

Interview

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27/10/2025

Après une licence Géographie et Aménagement à l’UPPA, Manon Pinguat Charlot entreprend un M1-M2 Transitions environnementales, société, territoire. Puis se lance, toujours à l’UPPA, dans un doctorat en géographie. Une formation qui l’amène au Département de la Conservation de Nouvelle-Zélande où elle travaille sur la stratégie biodiversité du pays.

 

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours universitaire ?

Après un Bac S en Martinique, je me suis inscrite en licence Information Communication et Sciences du langage à l’Université de Limoges. Mon objectif était de passer le concours d’orthophoniste. Je l’ai tenté en L2 après une année de préparation, sans succès. Le taux de réussite étant d’environ 3 %, j’ai compris que les candidats devaient le passer plusieurs fois sans aucune certitude. Du coup, j’ai commencé à envisager de changer de voie. Les sciences du langage m’intéressaient mais les cours étaient très théoriques, beaucoup de grammaire et peu de débouchés professionnels. La géographie s’est imposée assez naturellement, parce qu’elle traite de problématiques très diverses - de l’accessibilité d’un cœur de ville à la biodiversité en haute montagne - tout en restant toujours très opérationnelle. Concernant le choix de l’université, j’ai retenu Pau pour sa taille humaine. J’ai eu une équivalence pour démarrer directement en L2 et j’ai vraiment accroché à toutes les matières enseignées. A tel point que j’ai décidé de poursuivre dans cette filière. Habituée depuis mon enfance à déménager quasiment tous les ans, j’aurais pu changer d’université, aller à Bordeaux ou Toulouse… Mais la plupart des masters proposés étaient très spécialisés, or je n’étais pas encore fixée sur mon avenir professionnel et je cherchais un master suffisamment généraliste pour ne me fermer aucune porte. Le seul qui correspondait vraiment à mes aspirations, c’était le M1-M2 Transitions environnementales, société, territoire de l’UPPA. Petite promo, des projets centrés sur le territoire, des enseignants que je connaissais déjà, la possibilité de continuer à faire du SIG, des statistiques mais aussi des sciences sociales et politiques, des connexions avec l’aménagement du territoire et l’urbanisme… Tout y était, je n’ai jamais regretté mon choix de rester à l’UPPA.

À quel moment avez-vous décidé de faire un doctorat ?

Les stages de master ont été assez déterminants. Ayant vécu en dehors de l’hexagone et issue d’une famille multiculturelle, j’ai souhaité faire mon premier stage à l’étranger, au Brésil où j’ai pu étudier et écrire un mémoire sur les conflits autour de la cueillette par les populations indigènes (« Au-delà des conflits d’usage, comprendre les tensions relatives à l’extractivisme de Mangabas dans l’état de Sergipe, Brésil »). J’ai passé du temps avec des femmes dans les communautés traditionnelles, des chercheurs et des agents du gouvernement. C’était passionnant ! Du coup, j’ai fait un second stage orienté recherche au sein d’un laboratoire du l’UPPA et un mémoire sur les certifications environnementales dans les territoires ruraux. Un sujet qui préfigurait déjà mon sujet de thèse, sous la direction de Frédéric Tesson, dans le cadre du programme LEDYTER (Labellisation environnementale et dynamisation des territoires ruraux). En septembre 2018, j’ai reçu une réponse positive de la région Nouvelle-Aquitaine pour un contrat doctoral sur trois ans, dont 96 h d’enseignement au sein de l’UPPA. Mon sujet de thèse a finalement porté sur « Le gouvernement de la transition air-énergie par les systèmes de management et de labellisation territoriale : contrôle, management et réflexivité du label Cit’ergie ». Malheureusement le Covid est passé par là, ce qui n’a pas été sans conséquence. J’ai dû renoncer à la bourse E2S qui m’avait été accordée pour passer cinq mois dans le centre d’excellence sur le changement climatique de Hambourg. Les entretiens que j’avais prévus avec des collectivités, consultants et élus ont été, soit annulés, soit transformés en échanges téléphoniques… A ce moment, heureusement les enseignants et les ingénieures de recherche de l’UPPA ont été très présents pour accompagner les doctorants et les aider à recentrer leurs travaux. Finalement, j’ai soutenu ma thèse « sous contraintes Covid » devant un public limité à dix personnes. En parallèle, moi-même en tant qu’enseignante, je devais soutenir mes étudiants, dont certains en détresse. J’ai beaucoup appris sur le plan humain, la solidarité a été une valeur forte durant cette période.

À l’issue de cette thèse, quel avenir professionnel envisagez-vous ?

À un moment, j’ai pensé faire un post-doc pour ensuite postuler à un poste d’enseignant-chercheur dans une université. Mais il y a peu de postes et beaucoup de candidats, aussi j’ai préféré aller vers le consulting en recherche. Et en parallèle, avec mon compagnon, nous avions le projet de partir travailler en Nouvelle-Zélande. Sur place, après quatre mois de recherche, j’ai été recrutée par un cabinet spécialisé en recherche et en analyse statistiques qui travaillait sur les changements de comportement et l’adoption de pratiques durables dans l’industrie et l’agriculture. Je suis restée huit mois dans ce « mini labo » où j’ai pu mettre en pratique tout ce que j’avais appris à l’UPPA. Ma seule frustration, c’était de produire de gros rapports qui finalement restaient souvent sur étagères, je ne voyais pas vraiment l’impact de ce que je pouvais préconiser. Aussi j’ai démissionné pour trouver un job plus orienté vers l’action de terrain. C’était la période des élections en Nouvelle-Zélande, les postes étaient bloqués. J’ai travaillé quelques mois à l’Alliance française puis j’ai trouvé le job de mes rêves au sein du Département de la Conservation du gouvernement où je travaille sur la stratégie de biodiversité de la Nouvelle -Zélande. Dans ce poste, j’ai été responsable de la consultation des tribus Māori et du public sur le prochain plan d’action biodiversité du pays, ainsi que des relations avec les autres ministères et conseils régionaux. J’ai également une fonction de conseil auprès du cabinet des ministres sur les décisions à prendre pour concilier contraintes et protection de la biodiversité. Et encore une fois, je vois que l’UPPA m’a parfaitement formée aux attentes du service public.

Deux ou trois mots que vous associez spontanément à l’UPPA ?

L’ancrage dans le territoire – La qualité des formations – L’authenticité des relations entre les étudiants, les enseignants et le personnel administratif de l’UPPA.

Un conseil aux étudiants en début de parcours ?

Je leur dirais d’être stratégique pour garder le maximum de portes ouvertes pour prendre le temps de choisir ce que l’on aime vraiment et comprendre comment transformer une appétence pour certaines matières en parcours professionnalisant. C’est comme cela qu’on apprend à se connaître. Soyez proactif et curieux pour rester acteurs de votre parcours. Il n’y a pas de fatalité !
 

Propos reccueillis par Florence Elman


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