Sandy Dall’Erba, entrepreneur et enseignant-chercheur à l’université d’Urbana-Champaign aux États-Unis
« Le programme Erasmus a été déterminant dans mon parcours »
A l’UPPA, Sandy Dall’Erba confirme ses trois passions : l’économie, la recherche et l’international. Une équation qui débouche sur un doctorat en économie internationale et une carrière d’enseignant-chercheur aux États-Unis. En 2021, il crée Greener Impacts, une entreprise spécialisée dans les études d’impact économique et environnemental.
Quel a été votre parcours à l’UPPA ?
Je suis arrivé à l’UPPA en 1996, après une première année en DEUG d’économie à l’université Panthéon Sorbonne à Paris. Mes parents déménageaient dans les Landes, j’ai cherché l’université la plus proche, c’était Pau… Un choix qui s’est révélé très positif, l’UPPA m’a ouvert de nombreuses portes et a fait preuve de beaucoup de souplesse tout au long de mon parcours. Ainsi, j’ai pu faire ma licence à Aix-La-Chapelle, dans le cadre du programme Erasmus. La plupart des candidats au départ visaient l’Espagne, j’étais le seul de la promo à souhaiter aller en Allemagne… J’ai enchaîné avec une maîtrise et un DEA à Pau, ce qui m’a permis de découvrir l’intérêt majeur de l’économétrie et des outils statistiques pour comprendre un sujet. Des formules mathématiques que j’ai appliquées dans mon premier travail de recherche, dédié à l’efficacité des politiques de développement régional en Europe. Il s’agissait d’évaluer si les financements apportés aux régions les plus pauvres réduisaient véritablement les inégalités.
Votre voie finalement, c’est la recherche ?
On rentre à l’université avec des idées très vagues sur son avenir, et au fil des années on affine ses choix. J’ai découvert en DEA que j’aimais la recherche, notamment sur les sujets de société qui mettent l’humain au cœur des préoccupations. Si je n’étais pas devenu économiste, je crois que j’aurais étudié la sociologie ou la psychologie. J’ai démarré un doctorat en économie international à Pau en l’an 2000, financé par la région Nouvelle-Aquitaine et l’UPPA. Toujours attiré par l’international, j’ai cherché une université américaine qui pourrait m’accueillir en deuxième année de thèse. N’ayant aucun contact, j’ai envoyé plus de 200 mails au Canada et aux États-Unis. Ce qui a occupé mes soirées pendant plusieurs mois… Trois universités m’ont proposé un visa de recherche, j’ai choisi Urbana-Champaign dans l’Illinois, et j’ai eu la chance de recevoir le soutien financier de Fulbright. Le 1er septembre 2001, j’atterrissais donc à Chicago. Mon premier voyage aux États-Unis. Très vite, je suis tombé sous le charme. J’étais dans un laboratoire de recherche qui comptait une vingtaine d’étudiants de toutes nationalités, tout allait très vite. Finalement j’y suis resté deux ans et je suis rentré à Pau en 4e année pour soutenir ma thèse en français et en anglais devant cinq professeurs, trois français, un américain et un hollandais. Je remercie encore l’UPPA de m’avoir laissé partir, j’étais le premier thésard du labo à cheval sur deux continents.
Et aujourd’hui ?
Après deux postdocs, le premier dans l’Illinois, toujours dans le même labo, le second à Amsterdam, j’ai eu deux opportunités d’emploi : le premier au CNRS, à Paris, le second à l’université de l’Arizona. Je suis parti en Arizona en 2006, en tant qu’enseignant-chercheur « Assistant Professor ». J’y suis resté neuf ans, durant lesquels je suis devenu « Associate Professor ». En 2015, j’ai intégré Urbana-Champaign, où j’avais fait une partie de mon cursus. En 2019, j’ai été promu « Full Professor ». Comme j’en avais eu l’opportunité pendant mes études, j’ai ouvert les portes de mon laboratoire de recherche à plus de 100 jeunes chercheurs-visiteurs internationaux, venus principalement de Chine et du Brésil.
De plus, après avoir été un spécialiste des questions liées au développement régional, je me suis intéressé à l’impact du changement climatique sur l’agriculture et l’alimentation, un sujet qui constitue, à présent, l’intégralité de la recherche de mon laboratoire CREATE (Center for Climate, Regional, Environmental And Trade Economics).
Ces dernières années, constatant une forte demande d’évaluation de l’impact économique et de l’empreinte environnementale liés aux activités humaines, que ce soit dans le cadre de nouvelles politiques, de stratégies industrielles ou de chaînes de production, j’ai décidé, en 2021, de créer Greener Impacts, une entreprise d’expertise-conseil.
Si vous deviez associer deux ou trois mots à l’UPPA ?
Liberté de choix, souplesse, international
Un souvenir de votre arrivée sur le campus de Pau ?
J’étais le « parisien » ! A la seconde où je prenais la parole, mon accent me trahissait. Et plus tard, aux États-Unis, j’étais le « frenchy » … Et maintenant, en France on me demande si je suis américain !
Quel conseil donneriez-vous à un.e jeune en début de cursus ?
N’abandonne pas tes rêves ! Et réalise que tu as une chance extraordinaire d’être dans un pays où l’université est accessible à tous. Aux États-Unis, dans mon département, un étudiant paie environ 35 000 dollars par an de frais de scolarité… Donne-toi les moyens d’y arriver, même si, au départ, cela te parait impossible et personne ne te soutient. Mon expérience américaine en témoigne, j’ai passé une année à insister auprès des universités, de l’UPPA, des organismes de bourse pour aller étudier aux Etats-Unis, et j’y suis parvenu. Issu d’un milieu modeste, ma persévérance a été mon plus grand atout.
En savoir plus
https://create.ace.illinois.edu/
Propos recueillis par Florence Elman.
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